AIDE PERSONNALISÉE

dimanche 18 décembre 2011
par  Sud éducation 66

Par Francis Maury

Quelques avantages...

Sur la forme, les modes de regroupement sont très divers, allant de petits groupes d’élèves au groupe classe. Le temps consacré à cette aide varie d’une école à l’autre : matin, midi, soir ; 4 fois une demi-heure, 3 fois 40 minutes ou 2 fois 1 heure. Sur le fond, les interventions concernent en grande majorité des enfants ayant des lacunes ponctuelles dans un domaine particulier (français, mathématiques) ou ayant besoin d’une « reprise scolaire » pour automatiser un apprentissage.

La plupart des enseignants s’accordent sur l’impact positif d’un tel dispositif sur la relation à l’élève : l’aide en petits groupes favorise les échanges et constitue un moment privilégié de communication où l’enfant peut travailler à un rythme plus adapté dans une approche parfois plus ludique. Ils sont néanmoins unanimes pour en dénoncer les carences, les contraintes et les paradoxes.

… beaucoup de limites !

En effet, l’aide personnalisée hors temps scolaire alourdit une journée de classe déjà bien trop longue pour de nombreux enfants. Associée aux nouveaux programmes et à la semaine de 4 jours personnalisée, elle contribue à créer un système très rigide qui donne le sentiment aux collègues d’être obligés de tout faire dans la précipitation.

Si l’aide peut s’avérer efficace pour quelques enfants ayant des problèmes scolaires passagers et peu importants, elle ne peut être la réponse à l’échec scolaire. Et c’est bien là que le bât blesse… La mise en place de l’aide personnalisée va de pair avec la volonté politique de supprimer les RASED ; comme si la reprise de connaissances non acquises suffisait à résoudre la difficulté à l’école. Lorsque les obstacles sont différents (stratégies, projet et statut d’élèves, sens donné aux apprentissages, identité…), les aides personnalisées sont inefficaces et risquent tout au contraire d’aggraver la situation. Les enseignants non formés à ces spécificités réaffirment la nécessité de pérenniser les RASED, conscients et persuadés qu’il ne suffit pas de repérer les manques pour les combler, et qu’une analyse des difficultés au cas par cas est indispensable.

Toujours de l’hypocrisie, partout de l’hypocrisie

Plutôt qu’une aide personnalisée, les enseignants du premier degré demandent des moyens pour travailler en petits groupes pendant le temps scolaire, pour se concerter, pour rencontrer les différents partenaires de l’école et pour vivre plus sereinement leur profession.

On ne peut qu’être dubitatif face à un tel paradoxe : le ministère se félicite de la mise en place d’une aide personnalisée, mais augmente dans le même temps le nombre d’élèves par classe en réduisant le nombre d’enseignants. Plus il y a d’enfants dans une classe, et moins l’enseignant peut être disponible pour chacun d’entre eux. Au lieu de rajouter des heures de cours aux élèves en difficulté et de supprimer les RASED, ne serait-il pas plus logique de diminuer les effectifs dans les classes et de donner des moyens supplémentaires aux RASED pour apporter les réponses adaptées à la difficulté ? Logique, oui ; économique, non.

L’hypocrisie a de beaux jours devant elle.

Aucune obligation scolaire…
aucune évaluation (réelle et objective)…

Rappelons que la mise en place de l’aide personnalisée a évacué deux heures d’enseignement OBLIGATOIRES par semaine pour TOUS les élèves au profit de deux heures d’enseignement FACULTATIVES pour environ 20 % des élèves.

Pourtant grand champion des évaluations à tout va, y compris de celles qui finissent enfin par apparaître comme inutiles voire néfastes (voir les conclusions de plusieurs rapport sur les évaluations nationales CE1 et CM2 que SUD Education dénonce depuis le début), nul ne se préoccupe d’évaluer l’impact réel du dispositif d’aide personnalisée pourtant maintenant mis en place depuis plusieurs années. En vérité il serait certainement dangereux d’évaluer un pseudo dispositif d’aide pédagogique à l’impact médiatique immédiat incontestable et aux effets pervers catastrophiques à moyens termes. Seul rapport officiel, l’Inspection Générale nous parle de réussite du fait de l’adhésion des parents et des acteurs éducatifs ; cependant le faible impact du dispositif sur les résultats des élèves est tout de même constaté ; quid d’un dispositif dont l’essence est l’aide aux élèves et qui se révèle peu ou pas performant…. Tant pis, il PLAIT !