DARCOS ET LES COUCHES-CULOTTES

vendredi 12 septembre 2008
par  Sud éducation 66

Par Francis Maury

« Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l’Etat, que nous fassions passer des concours bac +5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? » (M. Darcos, ministre de l’Education nationale, le 03 juillet 2008).

Rappelons au ministre qu’une des conditions pour l’inscription à l’école maternelle est justement que les enfants soient propres. De l’apprentissage de la langue à la découverte du monde, avec des thèmes et des activités variées, l’école maternelle reste un endroit privilégié de socialisation et d’épanouissement de l’enfant que bon nombre de pays européens nous envie. Que de mépris et d’ignorance pour ces “fonctionnaires” qu’il dit tant aimer ! Il va bien nous sortir, dans la suite logique de ce genre de propos « Qui aime bien, châtie bien ! »

Rappelons aussi au ministre que la Cour des comptes, dans son rapport sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale(1) (rendu public le 10 septembre 2008) souligne qu’en raison du désengagement déjà effectif du ministère de l’Education nationale, le taux de scolarisation des 2-3 ans a diminué de 27% entre 2003 et 2007 et qu’à la rentrée 2005, 5000 enfants étaient en attente de scolarisation en maternelle, alors que le taux de fécondité ne cesse de croître en France.

Sur un plan plus professionnel, et pour information au ministre, en petite section, il n’est pas souvent naturel d’écouter un adulte qui ne s’adresse pas qu’à vous seul. Il s’agit pour les maître(sse)s « d’apprendre à susciter sans relâche l’attention conjointe collective de tous et de chacun par des gestes professionnels sollicitant l’activité cognitive grâce à des moyens verbaux et non verbaux : montrer, désigner par un geste, par des mots, redire ou reformuler la parole d’un enfant pour la faire partager par tous... », comme le dit justement une formatrice IUFM, coordonnatrice REP.

Les actions du professionnel, de nature sémiotique, permettent à tous de se sentir concernés (fonction dite « étayante ») et de participer à l’activité (fonction dite « contenante »). Elles organisent cette médiation fondamentale pour le développement et l’apprentissage des élèves.

Le respect de l’autre, des autres, est parfois un objectif difficile à atteindre ; une formation professionnelle de qualité en reste (encore) une garantie.

Question subsidiaire : M. Darcos portait-il des couches en petite section ?


(1) disponible à l’adresse suivante :
http://www.rue89.com/files/20080915RapportCC.pdf