Du côté des sans-papiers

vendredi 14 mai 2004
par  Sud éducation 66

Il est 6h00 un jeudi matin. On frappe à la porte. Tout le monde dort encore.
« Ouvrez ! Police ! »

Françoise se lève et vient ouvrir. Caroline. a peur, très peur. Elle a reçu depuis peu le papier de la Préfecture lui annonçant qu’elle pourra venir récupérer son titre de séjour d’ici quelques mois. Pourtant elle a peur. Comme avant.

Comme ces deux ans passés à se cacher.
A se cacher depuis qu’elle a vu son autorisation provisoire expirer un trois janvier il y a deux ans. :
« Maintenant je suis Sans-Papiers. Est-ce que je continue à déposer des dossiers à La Préfecture avec ce risque de la Police de l’Air et des Frontières (PAF) ? Ou est-ce que je me cache pendant dix ans en accumulant preuve sur preuve de ma présence ? Et les enfants ? Ca va être invivable pour eux ? Et si la police vient à l’école ? Et pourquoi y a-t-il des policiers à la sortie maintenant ? Et Madame N. et son mari qui ont dû partir. Il faut que je dise à Bertrand et Nicolas. de ne plus descendre jouer en bas. Il y trop de risque. Aujourd’hui il faut que j’aille au Secours Populaire chercher des vêtements pour les enfants et des colis de nourriture. Mais si je suis arrêtée ? Je vais demander à Françoise d’y aller pour moi. Mais si la PAF vient ? Et si je suis seule ? Et les enfants ?

J’ai peur, j’ai peur tout le temps. Tant que je n’aurai pas une autorisation légale de rester là, j’aurais peur. »

Le comité de soutien aux Sans-Papiers se réunit tous les lundi à 18h00 à la Bourse du Travail se Perpignan et le collectif des Sans-Papiers tous les jeudi.

Ariane Augé