Éducation et identité nationale

lundi 14 décembre 2009
par  Sud éducation 66

Par Patrice Bégnana

Il ne manquait plus que l’éducation dans le grand débat lancé par le ministre de l’immigration sur l’identité nationale.

Comme on lance une nouvelle marque de savonnette, une campagne politique est lancée. Les Français sous l’autorité des préfets – un mot d’origine latine importé par un dictateur devenu empereur – ont à se prononcer sur leur identité. Comme cette identité est précisément ce qui fait la qualité de français, on ne peut qu’admirer le cercle vicieux. Car, de deux choses l’une. Soit être français, c’est avoir une nationalité, et c’est le droit qui définit qui est français ou pas. Le débat sur l’identité est strictement inutile. Le seul débat possible concerne la restriction ou l’extension des conditions d’accès à la nationalité. On sait qu’en 1940, une restriction assez drastique fut proposée. Nombre de chantres actuels de l’identité auraient d’ailleurs été recalés à cette époque. Soit être français, c’est avoir une mystérieuse identité qui se transmet selon de non moins mystérieuses lois, et dès lors, seuls les vrais français savent ce qu’est l’identité. On sait comment au XIX° siècle l’écrivain dont le père était italien, Émile Zola, eut à essuyer toute sa vie de quolibets sur son manque d’identité française. Les “vrais” français de notre époque pourront donc se demander de quel droit Élie, Mohammed ou Azowa se prononceront. Soit ils reconnaissent la France, s’intègrent, s’assimilent, etc. soit ils la q….

D’aucuns ont donc trouvé un moyen pour donner une caution à un pseudo débat identitaire dont les instituts de sondage précisent qu’il intéresse les français. Ce qui suffit à définir un vrai débat. L’identité nationale se construirait à l’école. La crise de l’école selon eux est la crise de l’identité. Refondons l’école et l’identité s’épanouira à nouveau. Où est-elle à mal ? Dans les “quartiers”, les “cités”, bref, dans les zones de relégation du capitalisme mondialisé qui échappe quant à lui à tout débat.

Quelle école peut-on alors naïvement se demander ? Celle de Charlemagne ? Le collège de Clermont où Molière fit ses études ? Celle de Voltaire qui lui permit de découvrir que les Gaulois étaient d’abominables barbares, sanguinaires, superstitieux et… cannibales ? L’école primaire de la fin du XIX° siècle où l’Occitan, le Catalan, le Basque, etc. étaient interdits ? Celle où les futurs dirigeants du Tiers-monde francophone ont appris que leurs ancêtres étaient gaulois ? La classe de 5° des années 1970 où les enfants des classes inférieures étaient massivement orientés selon leurs vœux librement choisis en tant que sujets de leur vie dans l’enseignement professionnel ?

Nullement. C’est une nouvelle école où les professeurs masterisés auront 27 heures de service dont 9 en soutien, où l’enfant s’épanouira grâce aux sciences de l’éducation, où il réussira sans apprendre mais où il saura enfin chanter la Marseillaise. Voilà donc une bonne nouvelle. Après le ministère de l’immigration et de l’identité nationale, on nous promet pour 2012, 2017, ou plus tard un ministère de l’éducation et de l’identité nationale.

Et si jamais Élie, Mohammed et Azowa travaillent mal, ce sera que décidément, ils ne l’aiment pas la France. On pourra alors légitimement leur demander de la q…