De trop nombreux esprits chagrins, démoralisateurs, voire saboteurs prétendent que la trop fameuse fracture sociale s’agrandit. C’est ainsi qu’un journal prétendument satirique cite, dans son édition du 6 octobre un obscur journal d’extrême-gauche, anarcho-trotskiste, « La Croix » du 9 septembre selon lequel non seulement le nombre d’allocataires du R.M.I. a progressé de 10,5% en un an, mais qu’une augmentation de 20% du nombre de dossiers de surendettement déposés devant les commissions de la Banque de France a été enregistré dans le même temps.

Pourtant, le gouvernement agit. En juillet dernier, le Premier ministre créait le C.A.S. (à prononcer Conseil d’Analyse de la Société) avec à sa tête, un chômeur menacé du R.M.I. … Luc Ferry. Certes, celui-ci était devenu membre du Conseil Economique et Social. Cependant, l’indemnité mensuelle de 2770 euros par mois n’exigeait qu’une présence par mois en séance.

Aussi, en devenant président du C.A.S. pourra-t-il s’épanouir au milieu d’un aréopage choisi par ses soins où l’on compte l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie et le judoka David Douillet, le cancérologue David Khayat et la jeune Amélie de Bourbon-Parme, ancienne étudiante de Luc Ferry, parente de Louis XVII et de Marie-Thérèse, auteur d’un ouvrage sur son prestigieux aïeul, etc.

Luc Ferry a donc choisi selon ses propres termes « des intellectuels, des chercheurs de haut niveau ». Les 28 membres se réuniront trois heures par mois. N’est-ce pas la preuve que cette vénérable institution a déjà pris position quant à la réduction du temps de travail ?

En matière de rémunérations, les choses sont claires. Le président ne perçoit que 1800 euros par mois. Les autres membres ne seront rétribués qu’à hauteur de 4500 euros par rapport. D’ailleurs, d’ici au mois de juin, Luc Ferry songe écrire au moins « deux excellents rapports » selon ses propres termes. Gageons que c’est le président lui-même qui aura à juger de la qualité de ses propres rapports et que les autres auteurs n’y trouveront rien à redire.

On ne peut par ailleurs que se réjouir qu’Alain-Gérard Slama, l’éditorialiste du Figaro, que l’amiral Béreau, que Danièle Thomson, la célèbre scénariste de « la Boum » vont honorer le gouvernement de leurs conseils sous forme de rapports à 4500 euros pièce de « chercheurs de haut niveau ». « Car, a expliqué Luc Ferry, c’est ce qui manque trop souvent aux politiques pour les aider à prendre de bonnes décisions. » (cf. Sophie des Déserts, « Luc Ferry et ses grosses têtes », Le Nouvel Observateur, 7 – 13 octobre 2004).

Question à but pédagogique : à combien s’élève le Revenu Minimum d’Activité de Luc Ferry ?

Patrice Bégnana