LIVRE : HENRI PENA-RUIZ, QU’EST-CE QUE L’ÉCOLE ? UN ESSAI POUR ALIMENTER NOTRE RÉFLEXION SUR L’ÉCOLE QUE NOUS VOULONS

dimanche 14 juin 2009
par  Sud éducation 66

Par Marc Anglaret

- Henri Pena-Ruiz, Qu’est-ce que l’école ?
Éditions Gallimard, collection Folio actuel, 2005

La période de crise que traverse notre société en général et l’éducation en particulier est particulièrement propice à une réflexion générale sur ce qu’est et ce que doit être l’école. L’essai d’Henri Pena-Ruiz, avant tout connu comme spécialiste de la laïcité, répond à ce besoin de réflexion d’autant plus intelligemment qu’il ne déconnecte pas l’école du reste de la société. Le propos de l’auteur est en effet d’attaquer la question de l’école par les deux “bouts” que sont, d’une part, une réflexion théorique sur la nature et les finalités essentielles de l’école, d’autre part la confrontation de ce “modèle” abstrait de l’école à sa réalité au sein de notre société et aux problèmes concrets qu’elle y rencontre.

Ainsi, en rappelant régulièrement ce qui devrait être des évidences mais n’en sont plus, comme l’importance d’une culture vraiment générale pour tous les élèves, y compris ou surtout en sections professionnelles, Pena-Ruiz évite le double écueil de la naïveté et du renoncement : « S’il est plus difficile d’enseigner Racine à Aubervilliers qu’à Neuilly, il n’est pas juste de renoncer à le faire. »

Pena-Ruiz n’hésite pas non plus à étudier le problème de l’école sous l’angle politique, au sens noble du terme : « On ne peut nier la difficulté d’un idéal qui inscrit résolument l’école en rupture avec les tendances presque irrésistibles d’une économie de marché et d’exploitation. » Il montre alors quelle doit être la “posture” de l’école face à ces tendances : « Le rôle de l’école n’est pas de montrer aux élèves ce que le monde ambiant leur montre déjà, mais ce qu’il leur cache. Ainsi la véritable ouverture commence par la suspension, la mise entre parenthèses, des réalités les plus immédiates. Les murs nus de la classe n’ont rien qui sollicite ou agresse le regard. Conviés, pour un temps, à se recueillir en eux-mêmes, quelque insolite que soient le silence et la nudité du lieu, les élèves cessent d’être considérés comme des consommateurs, des proies faciles pour les conditionnements de tous ordres : rendus à la possibilité de mettre à distance, de réfléchir, ils ont enfin, à strictement parler, l’esprit libre. »

Une saine lecture pour l’été…