RÉFORME DU LYCÉE : ARNAQUE EN VUE TOUS À LES ÉTAGES !

vendredi 12 septembre 2008
par  Sud éducation 66

Fédération Sud Éducation

– Une illusion de négociation

En présentant le 17 juillet à la presse les principes de la réforme du lycée, Darcos aura rendu ses annonces quasiment invisibles pour la grande masse des personnels (site web du ministère). Cette volonté d’avancer masqué le plus longtemps possible se double d’un calendrier qui n’autorisera pas de véritables négociations : octobre : décision définitive sur les grands axes ; décembre : bouclage global de la réforme du lycée. Le document rappelle la nécessité de reformuler les obligations des services des enseignants et les programmes de seconde pour la rentrée 2009 dans l’année scolaire !
C’est donc bien une réforme déjà toute ficelée et menée tambour battant qu’on nous prépare. Le ministre ne se gêne pas pour s’appuyer sur la signature des 16 points de “la feuille de route” exigée et obtenue de la plupart des syndicats du secondaire, mais non par Sud Éducation, pour entamer ce simulacre de négociation.

– Questions et inquiétudes sur le plan pédagogique

La réforme redécoupe le temps de travail des élèves en trois blocs.
En seconde, 60% pour des enseignements fondamentaux, 25% pour des modules d’exploration et d’approfondissement, 15% pour des enseignements et activités dits d’accompagnement. En cycle terminal, la répartition pourrait être respectivement de 45%, 45% et 10%.
En seconde, des modules semestriels de 3 heures permettraient une exploration de plus de disciplines et une meilleure “détermination” des élèves, puis dans le cycle terminal un approfondissement selon des “dominantes” avec une remise en cause des filières actuelles. Les “enseignements ou activités d’accompagnement” seraient aussi modularisés parfois en deçà du semestre et sont sans doute à mettre en rapport avec “l’aide” actuelle jugée peu efficace et un travail sur l’orientation.

Il s’agit en fait d’une remise en cause totale des enseignements en lycée toujours dans la perspective d’un “bac unique” dont rien ne garantit qu’il ouvrirait la porte de l’université. Beaucoup de questions demeurent. Quels sont ces enseignements fondamentaux ? Des disciplines estampillées ainsi, un minimum horaires pour certaines ? Pour les modules optionnels : s’agit il des disciplines nouvelles aux lycée en plus des options actuelles en seconde ? D’autres matières du tronc commun actuel sont-elles dans le viseur des réductions horaires ?
Car l’essentiel n’est pas dit : combien d’heures d’enseignement ? Quelle forme et quel horaire d’aide aux élèves en difficultés au lycée ? Quelle garantie de ne pas retomber sur une ségrégation avec des secondes aux cursus très différents ? En effet la vision de l’autonomie vantée dans les 16 points et le texte ministériel rime plutôt avec concurrence entre établissements élèves... et professeurs.

– Une réforme pilotée par la RGPP (Réforme Générale des Politiques Publiques) et ses suppressions de postes

Cette réforme doit être replacée dans le contexte des suppressions massives de postes dans l’Education et dans tous les services publics.
Dans l’Education, aux milliers de suppressions de postes des années précédentes, il faut ajouter les 80 000 annoncées par le gouvernement d’ici 2012 dont les 13 500 annoncées pour 2009 avec leur cortège de mesures. Dans le second degré : poursuite du bac pro 3 ans qui économise 10 000 postes en LEP, inflation des heures supplémentaires ; dans le premier, absence de création suffisante de postes et “rentabilisation” du travail des enseignants (stage durant les vacances, suppression des heures d’enseignement du samedi matin). Darcos lie de nouveau explicitement l’alourdissement des missions des enseignants prévu dans le rapport Pochard à la reforme du lycée avec des annonces en décembre.

Sud Éducation n’est pas favorable au statu quo actuel et pense qu’un lycée et au-delà une école démocratiques doivent être construits. Mais nous ne faisons aucune confiance au gouvernement de la droite la plus dure pour aller dans ce sens, alors même que l’annonce des suppressions de postes dans l’Education a largement précédé cette réforme et que la casse des autres services publics continue !
Dès septembre, mobilisons nos collègues sur les conditions de la rentrée et sur les suites que nous annonce Darcos !