CIRCULAIRE DE RENTREE 2006 : LA FINALISATION DE LA LOI FILLON

dimanche 10 septembre 2006
par  Sud éducation 66

La circulaire de rentrée le rappelle dès le départ : la rentrée 2006 « s’opère dans le cadre nouveau de l’application de la LOLF » (Loi Organique relative aux Lois de Finances), dans une logique de contractualisation des moyens, accordés selon les « performances » mesurées par certains « indicateurs » en lien avec des « objectifs » (on parle de « pilotage de et par la performance »). Le texte parle aussi de la « mobilisation à cette fin des corps d’inspection mais aussi des chefs d’établissement et des directeurs d’école ». Le cadre est posé. Sont alors principalement repris différents points de la loi Fillon, dont un certain nombre n’ont pas encore fait l’objet de décret et n’étaient pas encore appliqués ou pas encore généralisés.

Socle commun de connaissances et de compétences : élément-clé de la loi Fillon, il apparaît au centre de la circulaire. En primaire, l’accent est mis sur la « maîtrise de la lecture et l’écriture » ; dans le second degré, on évoque « quatre volets » : « la maîtrise de la langue française », « la maîtrise des principaux éléments de mathématiques », « la pratique d’au moins une langue étrangère », et « la maîtrise des techniques usuelles de l’information et la communication ». Il y a là une conception réductrices des savoirs, avec une forte dérive individualiste et utilitariste, sans aucune réflexion sur les processus d’apprentissage (en particulier collectifs).

PPRE (Programme Personnalisés de Réussite Educative) : s’adressant aux élèves « repérés » comme « ayant des difficultés dans l’acquisition du socle commun de connaissances et de compétences » à tout moment de la scolarité, ils seront généralisés à la rentrée. Problème vite repérable : ces PPRE seront mis en place sans moyens propres, et on prélèvera alors des moyens ailleurs ! (en « optimisant » les « moyens actuels consacrés à l’expérimentation des CP dédoublés », en mobilisant « les enseignants spécialisés des réseaux d’aide existants » dans le primaire, en utilisant les deux heures d’aide au travail personnel en sixième, et une demi-heure prélevée sur l’heure non affectée en 5ème et 4ème). On déshabille Pierre pour habiller Paul : les PPRE risquent de se faire au détriment de la majorité des élèves. Enfin, ce dispositif véhicule une logique individuelle, voire culpabilisante, sans réflexion sur les responsabilité et les réponses sociales et collectives.

Découverte professionnelle et promotion de l’apprentissage dès 14 ans : la rentrée 2006 voit la mise en place de la « nouvelle classe de 3ème » avec « l’enseignement de découverte professionnelle » et ses deux formules : l’« option facultative de découverte professionnelle » de 3h (option facultative offerte à tous, à côté de la langue vivante, du grec, du latin … ), ou « le module de découverte professionnelle » de 6h, pour « un public d’élèves volontaires à la scolarité fragile » ; celui-ci remplace la 3éme technologique, la 3ème à option technologie ainsi que la 3ème voie professionnelle. Dans la mesure où ce n’est qu’une option, on comprend vite la logique de cet enseignement qui sera ignoré par une majorité et réservé aux élèves en difficulté dans le but de les orienter aussi précocement que possible vers des filières courtes et professionnelles. La promotion de l’apprentissage dès 14 ans est également très présente et fait écho à la loi sur l’égalité des chances. Elle apparaît à plusieurs reprises, notamment à propos de l’orientation, dont une mission essentielle semble informer « sur l’apprentissage et les métiers préparés dans le cadre de l’apprentissage ». S’ils risquent d’être fortement sollicités sur ces informations à grands renforts médiatiques, au détriment de leurs autres missions, les Conseillers d’Orientation-Psychologues ne sont pas explicitement cités ; on signale par contre le rôle des professeurs principaux assurant un « accompagnement spécifique » des élèves souhaitant « accéder à une formation par apprentissage… ».

Lycées des métiers. Cette question n’est pas nouvelles, mais on rappelle à l’ordre les recteurs pour pression sur les derniers établissements qui n’ont pas encore leur « labellisation ».

Note de vie scolaire et flicage des élèves. La note de vie scolaire est instaurée à la rentrée à tous les niveaux du collège, la note de 3ème comptant pour le brevet. Par ailleurs, concernant « la prévention de la violence », la collaboration entre l’Education Nationale, la police et la justice est réaffirmée, ainsi que l’existence d’un policier-référent par établissement dont « les modalités de présence et d’intervention seront arrêtées en CA en tenant compte du contexte local. »

Langues. En primaire, l’enseignement d’une langue devient obligatoire dans le cycle des approfondissements. Dans le secondaire, les groupes de compétence, qui ne font que recréer des groupes de niveaux, sont généralisés au collège et au lycée.

Conseil pédagogique. Dernière mesure-phare de la loi Fillon, les conseils pédagogiques sont mis en place à la rentrée. Présidé par le chef d’établissement et composé de membres choisis par lui (au moins un professeur principal par niveau, un prof de chaque discipline, un CPE) le conseil pédagogique « doit favoriser la concertation entre les professeurs » et « préparer la partie pédagogique du projet d’établissement ». Il renforce donc dangereusement le pouvoir du chef d’établissement, et risque d’atteindre la liberté pédagogique, même si on affirme le contraire dans la circulaire.

Sud Éducation 59-62