DANS L’ÉDUCATION NATIONALE AUSSI, LA PRÉCARITÉ ÇA SUFFIT !

vendredi 12 décembre 2008
par  Sud éducation 66

Par Sud Éducation Hérault

L’État est le plus gros employeur de salariés précaires. Pour réduire toujours plus les dépenses utiles à la collectivité, les trois Fonctions Publiques embauchent au moins 780 000 non-titulaires sans compter les 145 000 personnes recrutées en contrat aidé.

L’Éducation Nationale n’est pas en reste, au contraire avec 111 374 agents non-titulaires (hors supérieur et contrats aidés). La précarisation des personnels est un phénomène massif de la maternelle à l’université. Aux côtés des titulaires et faisant souvent le même travail qu’eux, un nombre grandissant de salariés en contrat précaire assurent des fonctions d’enseignement, d’éducation, d’orientation, de surveillance et d’accompagnement des élèves. Il en va de même sur les postes administratifs et ouvriers soumis de plus en plus fréquemment à la concurrence de la sous-traitance. Avec des contrats différents (contractuels, vacataires, assistants d’éducation, assistants pédagogiques, AVS, CAV, CAE, ....) ces personnels sont atomisés dans les établissements. Gens de passage, pratiquement invisibles, ils disparaissent dès qu’un contrat encore plus précaire pointe son nez.

Conditions de travail précaires, salaire aléatoire et galère au quotidien

Maintenus dans un vague espoir de réemploi, ils sont les premiers à s’être vus imposer la flexibilité et toutes les formes de mobilité. Des personnes en contrat aidé se retrouvent à accueillir les élèves malades quand le poste d’infirmière a été supprimé ! Moins payés, moins protégés, ils sont les victimes privilégiées des petits chefs qui se sentent pousser des ailes. Les enseignants vacataires (dont le chef d’établissement peut à tout moment et sans préavis mettre fin au contrat) se retrouvent contraints d’accepter des compléments de service dans d’autres disciplines ou établissements. Payés à l’heure (de présence devant les élèves), ils ne bénéficient ni des vacances ni des jours fériés et n’ont même pas droit au congé maladie. Au mépris de toute continuité pédagogique, des vacataires se sont vus éjectés de leur poste avant d’atteindre les 200 heures d’enseignement qui auraient ouvert leur droit à la contractualisation.

L’insécurité sociale favorise la paralysie des mouvements revendicatifs

Ce n’est un secret pour personne : quand on n’a aucune garantie de l’emploi, on n’est guère enclin à protester contre les conditions de travail et de rémunération. Quand on est placé dans une situation d’évaluation individualisée, que les collègues deviennent des rivaux, la solidarité est vécue comme un risque et l’employeur a les coudées franches. Et cette souffrance au quotidien qui dépasse largement le temps de travail met à mal l’énergie nécessaire pour mener les luttes qui s’imposent.

L’ambition de Sud Éducation est de sensibiliser les titulaires pour rendre visibles les précaires qu’ils côtoient et avec qui ils doivent mener ces luttes, dans une perspective solidaire, tous ensemble contre le recours croissant à la précarité. Refuser les conditions insupportables que nos collègues subissent aujourd’hui, c’est aussi anticiper sur la destruction du statut même des titulaires. Gageons que si nous ne nous battons pas pour que nos collègues cessent de travailler dans des conditions au rabais, demain ce seront les titulaires qui devront les accepter (absence de formation initiale, continue, pression hiérarchique par la notation, flexibilité géographique et de fonction, ...) Et comment croire qu’un personnel précarisé, vivant dans l’insécurité sociale, puisse satisfaire les missions émancipatrices pour tous et toutes que nous souhaitons donner à l’école ?

Le rôle des syndicats, la priorité de Sud Éducation

Les syndicats sont trop souvent absents dans les luttes contre la précarité. Il faut qu’une mobilisation soit déjà sur les rails pour qu’ils mettent en avant la question. En 96, c’est l’activité de coordinations de personnels précaires et les actions de grève de la faim qui avaient bousculé les organisations syndicales. Mais la plupart d’entre elles ont refusé de prendre à leur compte les revendications des non-titulaires qui exigeaient la titularisation de tous. Au nom d’une pseudo-intangibilité des principes de recrutement de la Fonction Publique, des protocoles bidons censés résorber la précarité ont été signés et ainsi crédibilisés ( jetez un oeil sur le nombre de postes mis aux concours réservés). On mesure aujourd’hui le résultat d’un tel aveuglement : un nombre croissant de non-titulaires, la multiplication des catégories de précaires et des milliers de collègues corvéables à merci ou sans emploi.

Conscient que le quotidien des précaires est inacceptable, Sud Éducation se bat pour l’amélioration de leur sort et l’accès aux prestations et droits qui leur sont refusés en dépit de la législation du travail. Mais c’est un mouvement d’ensemble de tous les personnels qui doit imposer l’arrêt de nouvelles embauches sur des contrats précaires et la création de postes de titulaires pour couvrir les besoins d’une école de qualité.

La titularisation de toutes et tous sans conditions est un préalable incontournable.

A travail égal , salaire égal et statut égal !