DU CÔTÉ DES SANS-PAPIERS

dimanche 9 octobre 2005
par  Sud éducation 66

Mercredi 31 août 2005 Mohamed Bazzi a été reconduit à la frontière. Scolarisé dans le département depuis plusieurs années, il avait, comme tous les sans-papiers, espéré que la France serait une terre d’accueil. La préfecture n’a pas hésité à revenir sur ses engagements et procéder à son renvoi malgré de nombreuses démarches individuelles et collectives. Un examen de son dossier aurait dû avoir lieu lors d’un entretien qui devait être fixé par le préfet lui-même début septembre.

Depuis quelques mois, nous assistons à un zèle des services de la préfecture qui expulse à tour de bras, avec un mépris total de leurs droits fondamentaux, des personnes qui, pour des raisons qui les regardent, ont fait le choix d’essayer de vivre en France.

La préfecture des Pyrénées Orientales affiche aujourd’hui, elle aussi, très clairement une politique aveugle confirmant ainsi la volonté du gouvernement de « faire du chiffre ». Cette politique n’est que la continuité des objectifs fixés par les ministères antérieurs. Et pour cela elle ne recule devant rien !

La liste est longue… Le centre de rétention de Rivesaltes ne désemplit pas et voit affluer tous les jours des étrangers dont les droits sont bafoués.

Ces drames humains sur le département ne sont, hélas, que le triste reflet de ce qui se passe un peu partout ailleurs. De nombreuses mobilisations ont lieu mais force est de constater que ce combat reste bien trop souvent sans écho.

Désormais c’est aux soins médicaux que le gouvernement ont choisi de s’en prendre. En 2005 le sida est considéré par le gouvernement comme « grande cause nationale ». Et pourtant, cet été encore, il a rappelé qu’un de se objectifs était le démantèlement de l’AME, dernière chance d’accès aux soins pour les sans-papiers. Deux réformes votées en 2002 et en 2003 en ont considérablement restreint les conditions d’accès. Depuis cet été, 2 décrets rendent encore plus improbable l’accès à l’AME, notamment en exigeant des justificatifs dont on sait que des personnes seront dans l’impossibilités de les produire.

Pourtant les conséquences sanitaires dramatiques de l’exclusion et de la précarité ne sont plus à démontrer, et les étranger-e-s en font quotidiennement les frais. Les lois sur l’immigration restrictives enferment des hommes et femmes dans la clandestinité. Les statuts administratifs précaires qu’elles engendrent leur barre l’accès à un minimum de ressources. Ces personnes n’ont alors comme seules alternatives à la rue, des logements et hébergements inadaptés, insalubres, et/ou hors des normes de sécurité. De telles conditions de vie ne font que compliquer les démarches de santé, notamment quand il s’agit de se battre au quotidien pour sa survie, pour se nourrir, se loger, et subvenir aux besoins de sa famille. Cette exclusion des soins contribue à la prise en charge tardive des problèmes de santé, met en danger la vie des intéressé-e-s, et empêche tout stratégie de santé publique. A cela s’ajoute un contrôle social et une répression policière qui alimente une méfiance de toutes institutions publiques, y compris médicales. En conséquence, tout le système ainsi mis en place, favorise et accentue les problèmes de santé des étranger-e-s.

Il y a 7 ans, les associations obtenaient le droit au séjour des personnes étrangères gravement malades ne pouvant recevoir de soins appropriés dans leur pays d’origine, et pour qui une expulsion pourrait avoir des conséquences d’une exceptionnelles gravité. Aujourd’hui ce droit est régulièrement bafoué par les préfectures : les refus ne cesse d’augmenter.

Ariane Augé