Edito : Printemps 2014

dimanche 15 juin 2014
par  Sud éducation 66

Au cours de ce printemps où des records de chaleur auraient été atteints, la température sociale n’a pas baissé d’un cran.

Une grève pour les salaires et l’emploi a reçu de la part du gouvernement une réponse conforme au dogme néolibéral : la baisse des cotisations sur les bas salaires. Or, comme elles ne sont pas des « charges », mais au contraire la part sociale du salaire pour la santé, la vieillesse, les allocations, etc., en réalité, l’augmentation sur la fiche de paie qui atteindra au minimum une cinquantaine d’euros sur l’année, se fera au détriment de la protection sociale. Même lorsqu’il paraît faire un geste, le gouvernement attaque ses propres salariés.

Sont concernés par ce transfert les agents des catégories C, B, voire quelques A en début de carrière. Pour les autres, la baisse du pouvoir d’achat est confirmée. 15% de baisse dans la dernière décennie pour l’estimation la plus basse. Chacun calculera sa fiche de paie virtuelle dans un monde où son salaire aurait stagné.

Dans le même temps, le décret sur les nouveaux statuts des enseignants du secondaire dont la parution est prévue pour un proche avenir dresse une liste de tâches liées au métier qui le rende sur le fond impossible : aide et suivi du travail personnel des élèves (pour ceux qui auront six classes à 36 ou 10 classes à 25), conseil aux élèves dans le choix de leur projet d’orientation (ou comment faire le travail des COPsy sans être formé), les relations avec les parentes d’élèves (avec les familles recomposées, voilà une mission simple), le travail au sein d’équipes pédagogiques constituées d’enseignants ayant en charge les mêmes classes ou groupes d’élèves ou exerçant dans le même champ disciplinaire (ou comment prévoir une à deux réunions quotidiennes), etc. Toutes ses tâches nous dit-on, les enseignants les réalisaient. En les gravant dans le marbre, on reconnaît leur tâche. La reconnaissance du travail, c’est le salaire. De ce côté, nous savons ce que les gouvernants pensent réellement de nous. Par contre, inscrites dans un décret, ces tâches seront opposables à tous les récalcitrants.

Il en va de même du décret Hamon sur les rythmes scolaires. Préconiser un regroupement des activités péri-éducatives le vendredi après-midi et rétablir des journées de travail de six heures pour les enfants, c’est montrer que finalement la prétendue réforme des rythmes n’a jamais eu cela comme objet, n’en déplaisent aux belles âmes “progressistes” qui la défendent envers et contre tout. Introduire le loup du privé dans la bergerie publique sous la forme d’« activités » qui peuvent être payantes (comme la capoeira à Grenoble sous la précédente municipalité) et qui coûtent à la collectivité : voilà l’objectif. Faire passer cet allègement pour une mesure en faveur des enseignants qui pourront ici ou là partir en weekend le vendredi à midi est une nouvelle pierre jetée dans le jardin du syndicalisme. Il en va de même de la rentrée scolaire repoussée pour un motif loufoque. Les décisions du nouveau ministre donnent les enseignants et leurs sacro-saintes vacances en pâture à une opinion qui ne sait où tourner la tête pour trouver de nouveaux boucs-émissaires à ses maux.
Dans le même temps, après des coupes sombres dans les dotations globales horaires (D.G.H.) des établissements du second degré, la bonne nouvelle est tombée dans les Pyrénées Orientales : aucun établissement n’est classé REP+ (réseau d’éducation prioritaire +). Il faut croire que pour nos gouvernants les conditions socio-économiques dans le département sont excellentes. C’est ainsi que la priorité à l’éducation est devenue, en apparence, priorité à l’éducation prioritaire et que l’éducation prioritaire s’est réduite comme peau de chagrin à quelques établissements en France. Quatre dans l’Académie de Montpellier à comparer aux académies de Paris ou Bordeaux qui ont droit à un établissement REP+ et à l’Académie de Créteil qui en a neuf.

Le thermomètre social est au plus haut. Mais nos gouvernants sont rassurés. Pour l’heure, seuls les boucs-émissaires sont l’objet de la vindicte d’une grande partie de l’opinion.

Il nous revient donc encore et toujours de désigner le seul et vrai ennemi des salariés : le néolibéralisme de nos gouvernants.

Patrice Bégnana.