En France, les étudiants étrangers interdits d’étudier
par
Emmanuel Peroy
Lundi 19 novembre 2018, Edouard Philippe annonçait la hausse des droits d’inscription à l’université pour les étudiants étrangers extra-communautaires (c’est-à-dire originaires de pays non membres de l’Union Européenne) à partir de la rentrée 2019. « De toute façon, ils augmentent chaque année. Alors… », c’est la première réflexion que l’on ferait face à une telle annonce, sauf que, cette fois-ci, cette augmentation concerne uniquement les étudiants étrangers hors UE et pas les autres et qu’elle est plus que substantielle. À partir de septembre 2019, ces étudiants paieront 2770 euros par an pour s’inscrire en licence, contre 170 euros aujourd’hui, et 3770 euros par an pour un master ou un doctorat, contre respectivement 243 et 380 euros, soit une augmentation d’un peu plus de 1629 % pour une licence, 1551 % pour un master et 992 % en doctorat !
Edouard Philippe justifie cette hausse dans son allocution du 19 novembre qui s’intitule : Stratégies d’attractivité pour les étudiants internationaux ! C’est véridique ! Voir pour cela le site du gouvernement [1], où on peut suivre l’intervention du premier ministre en vidéo et où il est écrit : « le Premier ministre a rappelé l’objectif poursuivi par le Gouvernement d’accroître le nombre d’étudiants étrangers en France et de renforcer le rayonnement de l’enseignement supérieur français à l’étranger. » Si, si, vous avez bien lu ! Le premier ministre devra quand même nous expliquer comment il arrive à ces deux objectifs en augmentant aussi drastiquement les frais d’inscription des étudiants étrangers !
L’objectif est pourtant clair. En instituant cette mesure, le gouvernement entend n’accepter en France que des étudiants fortunés des Émirats, de Chine ou peut-être des fils d’oligarques russes. Finie la venue d’étudiants africains, sud-américains ou asiatiques qui osaient quitter leur pays pendant plusieurs années pour acquérir des compétences, suivre une formation avant de retourner chez eux pour faire partager leur expérience à leurs compatriotes. Encore une fois, le gouvernement choisit le parti des riches contre celui des pauvres. Encore une fois, ce sont les populations les plus pauvres de la planète qui vont en souffrir. Et, ne nous y trompons pas, le premier ministre dit bien qu’il veut privilégier « l’excellence » : excellence des diplômes, excellence des résultats riment, dans son vocabulaire, avec excellence de richesses. Nous le voyons d’ailleurs depuis le début du quinquennat : le pauvre n’a plus sa place dans la France macronienne, encore moins quand il est étranger (cf. les renvois de familles entières dans leur pays d’origine parce qu’indésirables en France car étrangères).
SUD éducation, qui s’est toujours battu et continuera toujours à se battre pour le plus petit, pour le pauvre, pour les minorités, condamne avec la plus grande fermeté ce parti pris idéologique scandaleux. Nous ne pouvons cautionner de tels agissements qui ne sont pas dignes du pays qui se dit encore celui des « droits de l’homme ». Nous devons combattre avec la plus grande fermeté ce genre de mesures ignobles et scandaleuses, qui malheureusement ne font que se répéter depuis un an et demi.
SUD éducation, pour une autre école, pour une autre société, celle où tous les étudiants qui le veulent pourront faire leurs études où ils le veulent dans un pays ouvert à l’autre et solidaire.