GRÈVE ADMINISTRATIVE DES DIRECTEURS : SEULE LA LUTTE PAIE...

dimanche 10 décembre 2006
par  Sud éducation 66

Par Francis Maury

Le courriel de l’Inspecteur d’Académie des P.O., en date du 2 novembre 2006, demandant aux directeurs de faire parvenir des documents administratifs sous menace de « service non fait » reste dans la ligne actuelle d’une politique de dialogue social qui ne connaît que deux principes : menaces et répression.

Comment s’étonner, lorsque le Ministre de l’Education Nationale (message envoyé à sa demande, comme le précise l’objet du message) donne de si nombreux et publics exemples d’autoritarisme primaire (méthode de lecture, pour ne citer que ce dossier), que les relais institutionnels donnent des signes de fébrilité ?

Comment accepter cette attitude schizophrène de présentation de l’Education comme ciment de la Nation et du dénigrement presque quotidien des personnels investis dans cette délicate fonction (maîtres(sse)s des Cours Préparatoires qui an-alphabétisent vos enfants, irresponsables directeur(trice)s qui bloquent les enquêtes, etc. …) ?

Ne nous leurrons pas ! Nous traversons une période de caporalisation ! La répression mène la danse, le menace est de rigueur… à tous les échelons !

Nous rappelons que nous soutenons la consigne de grève de transmission administrative des directeur(trice)s qui reste un moyen d’action syndical pour obtenir des améliorations de leurs conditions de travail. Le combat syndical est bien, dans ce cas, un rapport de force, et nos collègues directeur(trice)s doivent se savoir soutenus par tous.
Afin de donner du “grain à moudre” pour tous les échelons de notre hiérarchie administrative, rappelons qu’un “blocage administratif partiel” de plusieurs semaines des Inspecteurs de l’Education Nationale a mené, en 2005, à la juste création d’un dixième échelon* pour cette catégorie de personnels et à l’augmentation de 20% de l’indemnité de circonscription. Ont-ils reçu, à l’époque, menaces de constat de services non faits ?

Il est clair que pour le gouvernement la mise au pas de la piétaille passe par la satisfaction des petits chefs. Ces largesses font donc office d’investissement.

Pour vous convaincre du bien-fondé de cette information, nous rappelons que dans le numéro 7577 de Libération, daté du lundi 19 septembre 2005 (rubrique « Société », p.18) Emmanuel Davidenkoff et Marie-Joëlle Gros abordent ce qu’ils nomment « la grève discrète des inspecteurs en déprime ».

Extrait :
« L’inspecteur se rebiffe. Depuis la rentrée, les inspecteurs de l’Education Nationale sont en grève administrative partielle pour demander des améliorations « statutaires et indiciaires » de leur sort, notamment à l’appel de leur syndicat majoritaire (le SIEN-Unsa). Derrière cette revendication, transparaît une énorme demande de reconnaissance de la part d’un métier qui estime être le dindon de la farce de la politique éducative de ces dernières années. »

Suivent les déclarations de trois IEN, dont Mr. Rocquet, ex-IEN de Perpignan Sud :

Extrait :
« La hiérarchie nous demande de faire du chiffre. Dans des réunions, j’ai entendu des responsables dire que « tous les indicateurs étaient au vert » au chapitre des enfants en échec. Ça n’existe pas ! Un autre se pavanait parce que 99 % des élèves suivaient des cours de langues vivantes. Quid de la qualité de ces cours ? La hiérarchie ne sait poser les problèmes qu’en termes bureaucratiques ; il y a même une forme de lâcheté qui consiste à dire « oui » au ministre, quitte à freiner des quatre fers après. On applique les règles et c’est tout. »

Enfin cette courte “grève” administrative a été récompensée par des avancées significatives.
Quid de la grève administrative des directeurs(trices) qui durent depuis plus de six ans (?) a-t-on envie de rétorquer !

* Création d’un 10ème échelon qui ramène la classe normale des IEN au sommet de la Hors classe des principaux corps (PE, Certifiés, PLP).