L’IRLANDE, ICÔNE DE L’ULTRALIBÉRALISME... VA BIEN !

jeudi 16 décembre 2010
par  Sud éducation 66

Par Francis Maury

Ce sont les Irlandais qui sont « en solde ! » ou comment privatiser les bénéfices et socialiser les dettes.

L’Irlande faisait figure, pour les marchés financiers, de bon élève de la zone euro, illustrant le triomphe d’une politique ultralibérale, basée sur des impôts réduits, des excédents budgétaires, ainsi que sur un secteur financier débridé. Après l’éclatement de la bulle de spéculation immobilière, les banques irlandaises se sont rapidement retrouvées au bord de la faillite.

Le gouvernement est alors passé à la caisse, et les excédents budgétaires se sont transformés en gouffre : 32% de déficit en 2010. Plus dure sera la chute, non pour les banques mais pour le peuple irlandais. En effet le plan de « sauvetage » lancé par l’Union européenne et le FMI vise avant tout à sauver les banques… étrangères, surtout allemandes, britanniques, françaises, italiennes, qui avaient prêté massivement aux banques irlandaises pour profiter du « miracle irlandais ».

En contrepartie des sommes débloquées pour refinancer le secteur bancaire, le peuple irlandais doit pour la seconde fois remettre le couvert de l’« austérité », de manière encore plus drastique : au programme, plus de 100 000 suppressions d’emplois publics, des coupes dans les allocations chômage et familiales, ainsi qu’une réduction du salaire minimum. Des mesures d’autant plus drastiques que le gouvernement refuse d’envisager toute augmentation de la fiscalité sur les bénéfices des sociétés (12,5% contre 33% en France) ; Google, Microsoft et Intel, largement implantés en Irlande, l’avaient d’ailleurs menacé de représailles en cas contraire.

Injuste, cette politique d’austérité est de surcroît absurde, puisqu’elle aggrave la hausse du chômage et assèche la demande intérieure. Ainsi l’agence de notation financière Moody’s a-t-elle indiqué qu’elle allait probablement abaisser « de plusieurs crans » la note souveraine de l’Irlande, en raison des incertitudes économiques nourries par les nouvelles mesures d’austérité... prises pour « rassurer les marchés » ! Les actionnaires des banques irlandaises et européennes doivent payer le prix de leurs erreurs, pas les salariés et contribuables. Pour éponger leurs pertes, la BNP, la Société Générale, Deutsche Bank, HSBC... doivent immédiatement geler tout versement de dividendes .

Ainsi fonctionne le libéralisme économique. En ouvrant les marchés à toute concurrence et en libéralisant les taux de rémunérations privés, les fonds d’investissements et les banques de tous pays se ruent sur une économie, spéculent et créent une croissance fausse, car basée sur un endettement privé extravagant. Tout le monde pense en profiter ad vitam æternam. Quand la « bulle » éclate, c’est-à-dire que la réalité refait surface, on solde les salarié(e)s, les services publics (parfois aussi en les renommant Services d’Intérêt Généraux), les droits sociaux, enfin tout ce qui construit réellement la « qualité de vie quotidienne » des hommes, femmes et enfants de tous pays, à savoir et entre autres : se nourrir, se loger, se soigner et s’instruire… Finalement, les populations des pays dits « en voie de développement » l’ont compris depuis fort longtemps, le joug de la banque mondiale reflétant parfaitement ce scénario, la courte période d’aisance économique pour tous en moins ; ils sont spoliés de leurs richesses en permanence et depuis fort longtemps. Mais les populations du monde dit « développé » ne sont plus de bons moteurs de croissance… elles « coûtent » trop chers car elles sont traditionnellement exigeantes d’un point de vue social ; le libéralisme économique est là pour y remédier… faisons lui confiance, il en arrive à culpabiliser les salarié(e)s de leur longévité pour passer ses réformes antisociales !

Merci à l’article d’ATTAC France (http://www.france.attac.org/) sur lequel est fondée la conclusion de cet article.