Le PLE, c’est la plaie !

lundi 31 janvier 2022
par  Sud éducation 66

Héléna Molin

Pour celles et ceux qui ne travaillent pas en lycée ou qui n’ont pas d’enfants lycéens, la réforme du baccalauréat semble souvent technique, lointaine, et ses enjeux sont difficiles à cerner. Pour celles et ceux qui doivent la subir au quotidien depuis maintenant trois ans, c’est la plaie ! La dernière déconvenue en date a pour nom Projet Local d’Évaluation et pour acronyme PLE. Il s’agit de définir un cadrage de l’évaluation au sein de l’établissement qui in fine ne règle strictement rien des problèmes posés par la réforme du bac.

LES PROBLÈMES POSÉS PAR LA RÉFORME DU BAC
L’une des grandes nouveautés de cette réforme, c’est le contrôle continu qui compte désormais pour 40 % de la note finale du baccalauréat et son corollaire : la fin des épreuves terminales dans toutes les matières dites de « tronc commun » (enseignement scientifique, EPS, histoire-géographie et langues). Les premiers effets de cette massification de la part du contrôle continu dans la notation du baccalauréat n’ont pas tardé à se faire sentir dans les lycées car, dès le premier trimestre de l’année 2020/2021, on a vu un peu partout (et particulièrement dans le privé…) les moyennes des élèves s’envoler avec cette conséquence désastreuse : les établissements de l’enseignement supérieur ne savaient plus où donner de la tête face à ce déluge de moyennes exceptionnelles !

LA FAUSSE BONNE IDÉE DE L’ADMINISTRATION
Dans la précipitation, l’administration a donc concocté le PLE afin de mettre la pression sur les enseignant·e·s. Concrètement, il leur a été demandé :
• de se réunir en équipe pédagogique disciplinaire,
• pour plancher sur l’harmonisation de l’évaluation au sein de leur discipline, sur la base d’un document de cadrage ficelé à la hâte et présentant de nombreuses incohérences,
• afin que le Conseil Pédagogique entérine en réalité un document tout fait (et tout sauf local) émanant du Rectorat et défendu par les IPR (inspecteurs pédagogiques régionaux) envoyés à la rescousse des chefs d’établissement (qui rappelons-le n’ont normalement aucune compétence pédagogique),
• le tout devant être ficelé avant le premier Conseil d’Administration de l’année.

POURQUOI CELA NE RÈGLERA RIEN ?
Le document tout fait de l’administration s’avère finalement très flou et sans grand intérêt. Il ne règle aucun des problèmes posés par la réforme car l’administration s’est engluée dans le verbiage pédagogique caractéristique de l’évaluationnite aigüe dont souffre notre institution depuis une quinzaine d’années : quantité d’évaluations, part des évaluations diagnostiques / formatives / sommatives / certificatives… Tout cela n’importe que peu aux élèves et aux parents qui regardent les différences de notation et non les différences qualitatives des évaluations proposées par les enseignants. L’harmonisation des évaluations n’a en réalité aucune conséquence sur l’harmonisation de la notation. Ainsi :
• au sein d’une même discipline, les notations ne sont pas harmonisées,
• entre les disciplines, les notations ne sont pas harmonisées (et on voit toujours des différences de notation considérables entre les spécialités, ce qui a sans doute une influence sur l’attractivité de celles-ci auprès des élèves qui n’ont pas intérêt à choisir les disciplines qui notent bas),
• entre les établissements, les notations ne sont pas harmonisées…
En bref, les notations ne sont pas harmonisées !

LA VRAIE SOLUTION : L’ABROGATION DES RÉFORMES DU BAC ET DU LYCÉE !
L’harmonisation de l’évaluation et de la notation est évidemment nécessaire, car elle est gage d’égalité de traitement des candidat·e·s au baccalauréat. Elle est aussi gage de l’égale valeur du diplôme obtenu. La vraie solution pour pallier les défauts de la réforme du bac est donc toute trouvée : revenons à l’ancien bac, c’est-à-dire aux épreuves nationales, terminales et anonymes ! Un même programme, une même épreuve, des copies anonymes et bien brassées afin de garantir un même diplôme de même valeur pour tous les lycéen·ne·s, quel que soit leur lycée d’origine ! Et l’harmonisation de l’évaluation en cours d’année se fera d’elle-même, car l’épreuve finale est justement l’étalon servant de référence aux évaluations en cours de formation.

NON AU CONTRÔLE CONTINU, AU PLE ET AU BAC BLANQUER ! OUI AUX ÉPREUVES TERMINALES ET AU BAC À L’ANCIENNE ! ABROGATION DE TOUTES LES RÉFORMES BLANQUER !