MILITANTISME ET DÉMOCRATIE SYNDICALE

jeudi 9 décembre 2004
par  Sud éducation 66

La question du militantisme est au cœur de nos préoccupations démocratiques, des pratiques qui la sous-tendent et garantissent le sens de l’engagement syndical de chacun d’entre nous. L’implication des adhérents d’une organisation prévient contre toutes dérives bureaucratiques : la délégation systématique, la pensée par procuration, l’observance stricte, au nom des intérêts supérieurs de la Boutique, de ce qu’édicte « la Voix qui vient d’en haut ».

En effet, qui peut se former un jugement en dehors d’une action qui l’engage personnellement ? qui peut en toute bonne foi apporter une lumière critique sur tel ou tel aspect de notre investissement collectif sans l’avoir vécu de l’intérieur, sans avoir contribué à en définir le contenu ?
Cet équilibre difficile de l’individuel et du collectif ne peut être tenu que dans le militantisme. Seule cette exigence nous permettra de franchir les obstacles du « parler pour… », « du parler au nom de… », et au bout du compte « à la place de… », de ne pas de devenir une institution classique, c’est-à-dire un vague ensemble inhumain où un chef chosifié préside aux « destinées » d’une armée de fantômes.

Malheureusement, le syndicalisme n’a plus d’existence qu’institutionnelle… et encore est-elle remise en cause par la répression de ses représentants et par la sourde oreille du politique lors du mouvement social de 2003. Tout le travail de la CGT fut alors de faire des concessions revendicatives en vue d’ouvrir un espace de négociation. La réponse fut simple, attendue et sonnant comme un rappel à l’ordre : c’est le politique qui décide ! De fait, renonçant aux exigences militantes, nous acceptons un simple rôle consultatif, et nous déroutons vers une logique de cogestion. La CFDT a le mérite de ne pas s’en cacher ! Libre au politique de penser alors –comme ce sera le cas bientôt – la mission d’intérêt public des syndicats, c’est-à-dire leur assujettissement définitif.

Rodolphe Mazure