Pas une année de plus, pas un euro de moins !

jeudi 3 octobre 2013
par  Sud éducation 66

Par Francis Maury

Ne l’oublions pas : François Hollande a été élu en partie grâce aux manifestations de 2010 pour défendre nos retraites. Il y a eu plus de 8 millions de manifestants dans la rue. Chacun se souvient des élu·e·s PS dans les cortèges. Chacun se souvient qu’ils défendaient là une ligne simple : 60 ans, à taux plein … ! Pendant 6 mois, l’unité syndicale des cortèges et le travail militant a amené 75% de la population à soutenir la retraite à 60 ans sans décote. Cette gauche n’a pas été élue pour faire pareil que les gouvernements précédents !

Depuis les premières réformes (1993) nos retraites ont déjà baissé de 20 à 25% (en moyenne).

Déficits, crise, démographie, allongement de la vie, coût du travail … sont menteries qui essaient de cacher que 90 % de la dette ne provient ni de nos caisses de retraite ni de la sécurité sociale.
Ce sont toujours les mêmes rengaines qui sont reprises pour justifier une réforme structurelle. Un exemple  : « L’espérance de vie augmente, il faut donc travailler plus longtemps. »

Mais en fait, travailler plus longtemps réduit cette espérance de vie. Déjà, les 1ers effets se font sentir, avec en 2012 une inversion de la courbe. Les meilleures années de la retraite, c’est entre 60 et 65 ans. Les plus dures années au travail, c’est entre 60 et 65 ans. Si nous vivons plus longtemps, c’est en partie grâce à la retraite à 60 ans et c’est pour en profiter plus longtemps !

Travailler plus longtemps quand le chômage des jeunes est aussi haut ne peut qu’interroger le bon sens !

De 1993 à 2012, la durée de cotisation a augmenté de 4.5 ans, tandis que l’espérance de vie des hommes augmentait de 4.4 ans et l’espérance de vie des femmes seulement de 2.7 ans  ! Plus encore, l’espérance de vie en bonne santé, de 2005 à 2010 a augmenté de 0.3 ans pour les hommes et reculé de 0.8 ans pour les femmes !

Ainsi, si la proposition de loi venait à être applicable, en projection continue la durée de cotisation augmenterait pratiquement deux fois plus vite que l’espérance de vie pour les femmes !!!

QUELLE ARNAQUE AVEC PRÉMÉDITATION !

On veut du bonheur à la retraite, des années à soi, pas une retraite grabataire. On veut pouvoir vivre nos retraites, profiter de la vie !

ON NE VEUT PAS FINIR USÉ·E·s, HANDICAPÉ·E·SPOUR ENRICHIR LE CAPITAL !

Pourtant la France n’a jamais été aussi riche mais les richesses aussi mal redistribuées.

Le déficit actuel est la résultante du chômage de masse, du blocage des salaires, des allègements et dégrèvements de cotisations sociales « patronales » … et puis, bien sûr, de la recherche du toujours plus pour les actionnaires (en 1982, ils percevaient 5,2 % du produit intérieur brut et 9,3 % en 2011).

En trente ans, sur la valeur ajoutée des entreprises, la part dévolue aux actionnaires aux dépens des salaires et de la protection sociale a démesurément augmenté. Les 230 milliards de profits distribués aux actionnaires en 2012 en sont un exemple flagrant. On parle d’effort, de solidarité aux salarié-e-s ? Les entreprises du CAC 40 ont aussi réalisé 230 milliards d’euros de bénéfices entre 2007 et 2009 et n’ont payé que 10 milliards d’euros d’impôts (soit 4,3%). Ceci n’est qu’une moyenne : 43% des groupes du CAC 40 n’ont payé aucun impôt pendant au moins l’une de ces trois années.

C’est pourtant bien grâce aux salarié-e-s, qui paient tous leurs impôts, que tant de bénéfices ont pu être créés.
« Soyez réalistes  », nous dit-on. Être réaliste c’est tenir compte de la réalité. En voici quelques fragments :

  • ➡ de nombreux seniors sont « virés » à partir de 55 ans… finissent au chômage… en fin de droit…
  • ➡ les annuités cotisées sont, en moyenne, de 37,5 au moment du départ en retraite.
  • ➡ dans le secteur privé, 60 % de ceux qui prennent leur retraite ne sont déjà plus au travail, ils sont au chômage, en maladie ou en invalidité.
  • ➡ 40 % des salariés du public et du privé n’ont pas le nombre d’années suffisant pour bénéficier d’une retraite à taux plein et subissent une décote, surtout les femmes.
  • ➡ entre 2007 et 2011, 55000 bénéficiaires supplémentaires du « minimum vieillesse  », la retraite des travailleurs pauvres.

Aussi, qu’on se le dise  : continuons de nous mobiliser aussi et encore plus nombreux que ce mardi 10 septembre.

NOUS AVONS TOUS À Y GAGNER JEUNES, ACTIFS, PRÉCAIRES, CHOMEURS, RETRAIT·É·S !