Salaires au mérite

lundi 14 décembre 2009
par  Sud éducation 66

Par Francis Maury

Dominique Le Mèner, député UMP, a présenté vendredi 30 octobre devant l’Assemblée nationale, un rapport concernant la « revalorisation » du métier d’enseignant…

Dans la droite ligne du rapport Pochard de 2008, Le Mèner suggère de « clarifier » les missions des enseignants (y intégrer tout ce qui ne relève pas de l’enseignement, les « tâches nouvelles » des enseignants) et propose de revaloriser le métier par une meilleure reconnaissance de la « performance pédagogique réelle de l’enseignant et de récompenser celle-ci ». En clair, verser « des rémunérations complémentaires » à ceux « dont l’action pédagogique est jugée exceptionnelle ». Il faudra bien évidemment évaluer les acquis des élèves, mais cela ne peut suffire à estimer la « valeur ajoutée individuelle » de chaque enseignant… Pour ce faire, deux pistes sont évoquées par le charmant De Méner : « mettre en œuvre une évaluation moins formelle et plus qualitative, conduite conjointement par le chef d’établissement (ou le directeur d’école) et l’inspecteur » ou « apprécier la valeur ajoutée “collective” de l’établissement, en évaluant ce qu’il a apporté de plus à ses élèves par rapport à des établissements comparables ».

Le salaire au mérite revient donc par la petite porte… Aux États-Unis, ce système, introduit dans plusieurs États depuis 2006, s’étend sous l’administration Obama ; ce dernier n’hésite pas à dire qu’« il est temps de commencer à récompenser les bons professeurs, cessons de trouver des excuses aux mauvais ».

L’exemple de la gestion des primes d’évaluations dans l’élémentaire (évaluations CM2 et CE1 2008/2009) reste un magnifique exemple ; selon les Inspections Académiques et parfois selon les IEN (Inspecteurs de circonscriptions), les enseignants se voient (ou se verront) attribuer les primes (individuelle, exit la notion d’équipes éducatives) selon leur degré d’implication :
- n’a pas fait passer… pas de prime … (logique !)…
- a fait passer… n’a pas fait remonter… pas de prime… (logique !)…
- a fait passer… mais n’a pas fait remonter des données « exploitables »… pas de primes… quoique… selon les cas… négociations possibles ! En effet, la notion « d’exploitabilité » laisse de la marge ! Des collègues ayant appliqué certaines consignes syndicales (ne faire passer que les items déjà abordés à ce stade de l’année scolaire) se retrouvent sur le “front de négociation” desdites organisations syndicales…

À cela s’ajoute la part (variable car laissée en “négociation interne”… bonjour le cadeau !) de la prime versée aux collègues ayant “entré” les résultats sur l’outil de gestion en ligne… souvent les directeurs(trices) ou leur éventuel(le) Assistant de direction…

TOUTE LA JOIE DE LA GESTION ENTREPENEURIALE ET FINANCIERE DU SERVICE PUBLIC !

Pour plus d’infos, voir le rapport De Méner :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/pdf/budget/plf2010/a1968-tiv.pdf
et l’article de Libération du 4 novembre sur le système américain :
http://www.liberation.fr/monde/0101601048-etats-unis-pour-les-profs-la-carotte-ou-le-baton