SONDAGE

vendredi 12 septembre 2008
par  Sud éducation 66

Par Patrice Bégnana

À l’occasion de la rentrée scolaire, parmi les sujets suivants, quels sont ceux qui vous préoccupent le plus ?

- Le nombre élèves par classe : 21%
- L’absentéisme des professeurs : 28%
- La sécurité dans les établissements : 13%
- La qualité de enseignement et les nouveaux programmes : 15%
- Le poids du cartable : 10%
- Les conséquences de la semaine des 4 jours : 6%
- Le coût de la rentrée : 7%
359 votes exprimés.

C’est le sondage que l’on trouve sur l’Indépendant en ligne que vous venez de lire. Les chiffres sont ceux du mercredi 17 septembre à 13 heures 40, moment où j’ai voté. Je dois dire que j’ai eu du mal à trouver une question qui me convienne, c’est-à-dire qui me permette de faire part de mon inquiétude supposée.

La première question est certes factuelle mais est pour le moins ambiguë. Car, la question du « nombre élèves par classe (sic) » dépend de la classe et de ce qu’on y fait. 24 élèves pour apprendre une langue étrangère, c’est trop. 6 élèves pour apprendre le rugby, ce n’est peut-être pas suffisant.

La seconde question est à la limite de la diffamation. L’absentéisme se dit de celui qui s’absente volontairement. C’est le sens habituel. Et encore pour les élèves, l’absentéisme peut avoir des causes indépendantes de leur volonté. Par contre, pour les professeurs, il s’agit d’une faute professionnelle et les absentéistes doivent se voir retirer leurs journées de salaires réalité, il s’agit du manque d’enseignants devant des élèves. Mais une enseignante en congé maternité est-elle absentéiste ? Un professeur dont le cancer lui laisse quelques semaines à vivre est-il absentéiste ? Contrairement à ce que le ministre du non remplacement des postes d’enseignants a pu dire ou écrire, il y a des classes sans élèves. Or, la question de la responsabilité de l’administration et donc in fine de la politique gouvernementale est laissée de côté par le sondage.

La troisième question est tout aussi ambiguë. En effet, les problèmes de sécurité dans les établissements peuvent avoir des causes diverses. Mettez dans un établissement scolaire vétuste plus d’élèves que les bâtiments doivent en contenir. Placez un surveillant tous les trois bâtiments. Allumez un feu ou faites sortir quelques centaines d’élèves en même temps qui dévalent les escaliers et attendez le résultat. Les élèves seront-ils fautifs s’il survient quelques accidents ?

La quatrième question amène à s’interroger et donc à s’inquiéter de « la qualité de enseignement (sic) » qu’a reçu le rédacteur des questions dont la langue est pour le moins sommaire. Là encore, comment ne pas voir que cette qualité de l’enseignement dépend de très nombreux facteurs. Notamment, la question des programmes. Les nouveaux programmes – on se demande bien lesquels – méritent une question entière. À moins que la question vise justement à les noyer dans une généralité telle que l’inquiétude ne puisse porter que les seuls enseignants.

Cinquième question. Chaque année, une grande chaîne privée de télévision propose les mêmes reportages imbéciles sur le poids du cartable. Comme le cartable dépend de ce que demandent les enseignants, suivez le regard de la question et trouvez le coupable. Pourtant cette question n’a guère de sens si on ne la replace pas dans l’organisation du temps scolaire, dans les bâtiments mis à disposition des personnels et des élèves, etc.

La sixième question est pour le moins mal formulée. Les conséquences de la semaine de quatre jours généralisées ne sont peut-être pas les conséquences de la semaine de quatre jours qui existaient jusque là. La nouveauté est la baisse du nombre d’heures pour la plus grande partie des enfants de ce pays, soit deux heures par semaines de la petite section jusqu’au Cours moyen 2ème année, soit pendant huit ans. La seconde nouveauté est que les élèves en difficulté seront parqués à des heures où leur attention sera au minimum. La troisième nouveauté est que les vacances d’hiver pourront être mis à profit par certains pour faire des heures supplémentaires afin de faire semblant de s’occuper des élèves en difficulté.

La septième question est amusante. Depuis qu’une association inconnue a décrété que la rentrée ne coûtait pas plus que l’an dernier et que le ministre a inventé sa liste minimale, le prix de la totalité des objets de consommation courante s’est stabilisé, le pouvoir d’achat a augmenté. On croit rêver.

Finalement, ces questions évitent assez bien de s’interroger sur la politique gouvernementale. On ose croire que telle était l’intention de l’inventeur du sondage.
Méfions-nous des sondages !