TOUJOURS PLUS DE SALARIES PRECAIRES DANS NOS ETABLISSEMENTS SCOLAIRES

dimanche 10 septembre 2006
par  Sud éducation 66

Alors que les étudiants et lycéens, ainsi que de nombreux personnels de l’Education Nationale, se sont mobilisés durant plusieurs semaines au printemps contre les projets CNE-CPE, porteurs d’une précarité accrue pour l’ensemble du monde du travail, le ministère de l’Education nationale, déjà en pointe dans la précarisation des personnels, souhaite, au lendemain de cette lutte, mettre en place un nouveau type de « contrats » qui ne fait que renforcer la précarisation des travailleurs de l’éducation nationale.

Prétendant répondre aux besoins en personnels (on dit maintenant « adultes »…) de la plupart des établissements scolaires publics de ce pays, le ministre De Robien veut créer 50 000 emplois de vie scolaire (EVS).

Ces 50 000 emplois de vie scolaire qui vont remplacer les anciens Contrats Emplois Solidarité (CES) et les Contrats Emploi Consolidé (CEC) constituent une étape supplémentaire dans l’aggravation de la précarité. Ces emplois se déclineront selon deux types de Contrat à Durée Déterminée : le Contrat d’Avenir (CA) et le Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi (CAE).

Contrat d’avenir (CA)

Pas de diplôme minimum requis ni de limite d’âge pour postuler. Durée : 10 mois à temps partiel (26 heures hebdomadaires). Il est destiné aux personnes qui bénéficient depuis au moins 6 mois de minima sociaux (RMI, allocation de solidarité spécifique, allocation parent isolé ou allocation aux adultes handicapés).

La rémunération s’élève à 904,71 € (SMIC horaire à 8,03 € applicable à compter du 1er juillet 2005).

L’employeur est l’établissement scolaire qui définit le profil de l’emploi.

Contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE)

Pas de diplôme minimum requis pour postuler. Durée minimale : 6 mois renouvelable deux fois, dans la limite de 24 mois. La durée de travail prévue par l’Education nationale est de 20 heures hebdomadaires. Ce contrat est destiné aux personnes sans emploi qui rencontrent des difficultés particulières d’accès à l’emploi. La rémunération pour cette durée est de 695,40 €.

L’employeur est l’établissement scolaire qui définit le profil de l’emploi.

Aide aux élèves handicapés, assistance administrative aux directeurs d’école, aide à l’accueil à l’encadrement et à la surveillance des élèves sont les principales activités évoquées par le ministère pour ces nouveaux précaires de l’éducation nationale.

Aide aux élèves handicapés

A Sud Éducation nous avons toujours exprimé les limites de la scolarisation séparée des enfants « différents » mais l’intégration ne peut pas reposer sur le seul « don de soi » des enseignants.

Confier l’accompagnement des enfants handicapés à des personnels peu payés, non formés, qui resteront peu de temps dans l’école, c’est nier le réel travail de concertation, d’élaboration et de suivi des projets individuels d’intégration.

On serait en droit de penser que l’aide régulière dont certains élèves ont besoin pour participer aux activités d’une classe ordinaire demande formation et qualification. On serait en droit de penser que cette question (considérée comme une priorité présidentielle avec la loi sur le handicap qui entre en vigueur à la rentrée 2006) imposait de véritables formations ou l’augmentation des recrutements de personnels qualifiés déjà existants dans certains établissements spécialisés. Pour cette rentrée le ministère n’a prévu aucune création de poste.

Ce que nous demandons, c’est une véritable politique d’intégration qui prenne en compte les charges réelles de l’intégration scolaire et la favorise par des réductions d’effectifs d’élèves dans les classes, et non un accompagnement aléatoire assuré par une personne sans formation.

Aide aux directeurs d’école (Note de Sud Éducation 66 : voir article de Sud Éducation 63 sur le protocole, journal 10)

Dans la plupart des départements, chaque année de nombreux postes de direction d’école sont vacants parce que plus personne ne veut crouler sous les tâches administratives (enquêtes sans suites, fichage d’élèves…) et en plus assurer la classe. Même les augmentations indiciaires passées n’ont pas enrayé la désaffection pour les postes de direction d’école.

A Sud Éducation, nous continuons de penser que les revendications salariales spécifiques aux directeurs des écoles constituent une fausse piste et sont porteuses à terme de la mise en place d’un statut de supérieur hiérarchique dans les écoles, ce que toute la profession a su refuser il y a vingt ans, ce que nous continuons de refuser. L’école primaire est le seul établissement d’enseignement sans supérieur hiérarchique présent sur le lieu de travail. Nous pensons qu’il faut conforter cette dimension « autogestionnaire » possible en revendiquant davantage d’attributions pour le Conseil des Maîtres.

Donner un journée de décharge aux écoles de 4 classes nécessiterait la création de 1700 postes ; le Plan Robien n’en prévoit aucune.

De plus, les modalités prévues par le ministre pour porter à 4 classes le seuil de décharge horaire pour les directeurs entraîneront une diminution de la formation continue dans de nombreux départements, alors même que la diversification des publics et des parcours scolaires mériterait à elle seule l’augmentation importante de cette même formation continue.

La réponse appropriée à cette situation n’est certainement pas l’emploi d’EVS, d’autant que ceux qui ont accepté leur recrutement vont se retrouver avec la tâche supplémentaire de « former » ces nouveaux salariés…

Nous pensons que le fonctionnement collectif de l’école peut être un élément de transformation progressiste du système éducatif. Pour ces raisons, Sud Éducation revendique des décharges horaires pour toutes les écoles, l’encouragement à la direction collective et à une formation continue qui la rende possible.

Aide à l’accueil et à la surveillance des élèves

Jusqu’en 2003, cette fonction était assurée dans les collèges et les lycées par les Maîtres d’Internant et les Surveillants d’Externat (MI/SE). Ce statut de « stagiaire de la fonction publique » (ce qui ouvre des droits collectifs), bien qu’imparfait, permettait à de nombreux étudiants issus de milieux populaires de financer et de poursuivre leurs études. De Ferry en Fillon puis en Robien, ce statut a disparu pour laisser la place à des contrats précaires en nombre bien plus réduit que celui des MI/SE… on y ajoute chaque jour un peu plus des caméras…

Côté étudiant, la précarité gagne du terrain, la présence d’étudiants issus des classes populaires régresse dans les universités, le règne des petits boulots en soirée et de nuit se généralise.

Sud Éducation revendique la mise en place d’un statut d’étudiant salarié qui permette à chaque étudiant de poursuivre des études dans des conditions matérielles qui permettent la réussite aux examens.

Comme nous avons pris position contre la création des emplois jeunes en 1997 sous un gouvernement de « gauche plurielle », nous dénonçons le plan Robien de création de 50 000 EVS qui vont venir s’ajouter aux milliers de précaires qui font de l’Education nationale le premier employeur de salariés précaires.

Sud éducation 63