Les faux airs de l’Éducation Nationale

lundi 15 juin 2020
par  Sud éducation 66

Un enseignant indigné

Nous voici bien entrés dans l’ère 2.0 où, l’air de rien, l’Éducation Nationale s’invite dans notre intimité. Si jusqu’à présent le corps enseignant se devait d’être attentif à sa boîte mail professionelle, aujourd’hui il est aussi sollicité sur son téléphone portable personnel. Des groupes de Whatsapp naissent et réunissent directeurs et inspecteurs. Ambiance feutrée, d’autocomplaisance, on s’y est dernièrement félicité de la réussite des réouvertures des écoles.
Une façon d’étouffer les ratés des mairies qui n’étaient pas prêtes à rouvrir. Ainsi, à Perpignan, l’Inspection réclamait par ces nouvelles voies de communication non officielles des retours réguliers sur la mise en place du protocole dans les établissements. Soumises à ces requêtes régulières, les directions d’écoles ont fait remonter les manques avec, en retour, des promesses de résolution « demain », « dans la journée », « lundi »...
Dans ce contexte de pressions hiérarchiques, peu de directeurs ont osé remplir des fiches de Danger Grave Imminent ou de Santé Sécurité au Travail, ou dénoncer le non-respect du protocole sanitaire quitte à reprendre dans des situations où le protocole n’était pas assuré.
D’autres ont franchi le pas : fiches DGI, SST, droit de retrait. La DSDEN n’a pas compris ces plaintes. Elle s’est présentée dans les écoles pour vérifier les dires. Soit par l’intermédiaire du conseiller de prévention académique adjoint, soit par une escadrille formée de ce même conseiller accompagné de l’inspectrice, d’un conseiller pédagogique, de la coordinatrice de secteur et de la gestionnaire aux affaires juridiques. Ces visites se sont faites sans aucune consultation avec les élus du personnels au Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail.
Un pas de plus fait dans le monde 2.0. Par ces canaux de communication informels l’Éducation Nationale tend à asseoir sa domination tout en silenciant les voix opposées dans une ambiance de franche camaraderie.