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Le 20 février 2013, s’est tenue une réunion de compte-rendu du groupe d’experts de la commission sur les programmes de SES. Étaient présents M. Montoussé (doyen des SES), V. Fouquat (Chef du bureau des programmes) et des représentant-e-s des organisations syndicales.
Alors que le ministère n’a rien fait pour alléger le programme beaucoup trop chargé du bac 2013 en SES, le projet de nouveaux programmes prévoit en Première une diminution des chapitres à traiter (7 chapitres en moins) et des notions à faire acquérir par les élèves. En Terminale la lourdeur du programme demeure, aucun chapitre n’est supprimé, seuls 2 chapitres sur 15 seraient fusionnés, et certaines indications com-plémentaires (qui sont impératives) disparaîtraient.
Cette réduction des contenus est sur le principe bienvenue, mais ses modalités posent problème. Supprimer dans plusieurs chapitres les dimensions historiques appauvrit les SES pour n’en retenir que la dimension techniciste. Le très léger aménagement prévu en Terminale n’est pas à la hauteur des heures qui ont été supprimées en Seconde, Première et Terminale, d’autant que les cours en groupes réduits n’existent plus.
Surtout, c’est le fond même du programme qui ne va pas, or celui-ci n’est pas modifié. Compte-tenu de son contenu libéral, économiciste, ce programme n’a pour SUD éducation pas vocation à être amendé. Il doit être revu dans sa globalité.
Un changement de vision s’impose
La destruction des SES opérée par le précédent gouvernement repose à la fois sur une vision comptable : diminuer les heures de cours ; et une vision idéologique : mettre au pas les enseignants de SES. Le 23 février 2004, Michel Pébereau, ex PDG de BNP Paribas, membre du Haut Conseil de l’éducation et président de l’Institut de l’entreprise, organisme inféodé au Medef déclarait ainsi : « il serait peut-être bon d’effectuer un travail pédagogique de fond sur nos lycéens […], afin de les sensibiliser aux contraintes du libéralisme et à améliorer leur compétitivité, en adhérant au projet de leur entreprise. Je me positionne donc aujourd’hui devant vous pour un enseignement où la concurrence est la règle du jeu ».
Cette vision utilitariste de l’école et du programme de SES est, et sera combattue par SUD éducation. Les SES n’ont pas vocation à être instrumentalisées et à servir les intérêts du capital. Les SES s’inscrivent à la fois comme les autres disciplines dans la formation de citoyen-ne-s éclairé-e-s, et dans l’émancipation des futur-e-s travailleurs et travailleuses.
Le cloisonnement des disciplines qui prévaut dans l’organisation du programme actuel, hormis les regards croisés relégués en fin de programme de Première et de Terminale, constitue un non-sens compte tenu de la transdisciplinarité des SES. De plus, l’accumulation des notions ne peut que desservir la réflexion critique.
La vision restrictive des SES donne la part belle à l’économie, au détriment des autres formes de savoir : sociologie, sciences politiques, an-thropologie… Il s’agit d’ailleurs de la vision dominante et orthodoxe en économie, la vision néo-classique, faisant de facto l’apologie du marché.
Nous demandons :
➡ que les SES soient intégrées au tronc commun de tous les élèves.
➡ des effectifs inférieurs à 25 élèves.
➡ une augmentation des heures dévolues à cet enseignement que ce soit en Seconde, Première ou Terminale.
➡ le retour des demi-groupes.
➡ la révision globale des programmes. Et quand bien même les SES seraient modifiées, c’est l’en-semble des contre-réformes Darcos-Chatel qu’il faut abroger, afin de donner à tous les élèves, et en particulier ceux qui sont les plus éloignés de la culture scolaire, une culture humaniste indispensable à la vie d’adulte, et d’améliorer les conditions de travail de tous les personnels.
La fédération Sud éducation.