Par Francis Maury

Populisme ou « peoplelisme » ; les signes inquiétants de manipulation du procédé démocratique ne semblent malheureusement pas inquiéter tant que ça !

Non content d’interférer dans les plus hautes instances juridictionnelles de la République, en demandant au Conseil Constitutionnel d’envisager les amendements nécessaires à l’application immédiate de la loi sur la récidive, Nicolas Sarkozy essaie comme à son habitude de faire croire que ce qu’il demande est justifié par l’urgence de réformer.

Premièrement il laisse ainsi penser que la loi n’est pas applicable, ce qui est faux ; elle l’est (malheureusement !) dans le respect des remarques faites par le Conseil Constitutionnel et dès parution au journal officiel de son décret d’application, dont seul le gouvernement est responsable. Cela vient d’être fait, semble-t-il.

Deuxièmement il remet en cause la pertinence du temps de la réflexion comme principe fondateur de la loi.

Cela est d’autant plus grave que ces insinuations répétées, régulières et sur des sujets divers autorisent à penser nécessaire la réforme du processus judiciaire en lui-même ; cette technique de communication a pour unique but de « ringardiser » artificiellement des méthodes de travail basées sur la prise en compte nécessairement distanciée et contradictoire des événements.

Laisser croire que la réaction « à chaud » peut s’inscrire comme gouvernance est une des caractéristiques de l’idéologie « peopleliste ».

Il faut cependant bien en convenir : cette dérive est cautionnée par de trop nombreux citoyens. Qui ne se cachent pas ainsi derrière une vie trop « stressante » et le « cruel manque de temps » pour s’en remette alors à la facilité de la pensée réactive, immédiate, consommable, comme les trop nombreux « clichés » du JT de 20 heures qui abreuvent les sillons d’une réflexion pré-installée ? Les habitants de Sarkoland n’ont pour le moment que les dirigeants qu’ils méritent ; beaucoup, semble-t-il, commencent à s’en mordre les doigts !