LE SEUL BUDGET QUI EXPLOSE... CELUI DE L’ÉLYSÉE !

jeudi 16 décembre 2010
par  Sud éducation 66

Par Francis Maury

Depuis trois ans, la présidence de la République s’est dotée d’un budget consolidé soumis au contrôle de la Cour des Comptes. Ça c’est le côté médiatique, régulièrement mis en avant dès que, dans un juste souci d’équité, des critiques fusent sur le peu de souci d’économie.

La vérité se situe ailleurs, bien qu’elle soit difficile à préciser ; le rapporteur spécial du budget évoque un retour aux pratiques antérieures d’externalisation des dépenses. Ainsi, faire payer par les ministères des dépenses qui incombent à l’Élysée revient à occulter le montant réel du budget de la Présidence. Quelques exemples de dépenses externalisées en 2010 : les sondages (comme le démontre sans ambiguïté la Cour des comptes), les dépenses d’entretien de mobilier, à hauteur de 950 000 euros supportées par le Ministère de la culture, les 6 millions annuels de gros travaux pris en charge par le Premier ministre, etc.

Au total, l’ensemble de ces dépenses externalisées et qui n’apparaissent pas au grand jour s’élèvent à environ 50 millions d’euros alors que le budget actuel est de 113 millions. C’est donc 1/3 des dépenses élyséennes qui sont dissimulées à la représentation nationale. Certes, il faut bien compenser le grand train de vie des « collaborateurs » proches de notre hyper-président ; ceux-ci ont d’ailleurs du difficilement vivre le ralentissement des hausses de leurs rémunérations en 2010 (+50% entre 2008 et 2009).

Cette transparence voulue et revendiquée par le Président ne fait qu’accentuer le caractère « trompe l’œil » que revêt toute son action politique. Il est plus fondamental pour l’image du Président d’apparaître en responsable soucieux des deniers publics que de l’être vraiment. Faire pour pouvoir dire qu’on fait en faisant le moins possible, et souvent dire qu’on fait sans rien faire et même pour mieux défaire. Le paraître est de mise, le mensonge et l’hypocrisie sont les armes de destruction massive de la répartition républicaine des richesses ; leur usage quotidien et répété finit par en donner la nausée.

Dans un autre registre, l’analyse des budgets des « Autorités Administratives Indépendantes » laisse dubitatif ; ces instances, de plus en plus souvent assimilées à des instances de placement d’amis politiques refusant de pointer à Pôle Emploi, sont de plus en plus nombreuses et coûtent de plus en plus cher ; par contre, celles qui « gênent » le pouvoir en place voient leurs budgets se restreindre comme peau de chagrin…Exemple, la HALDE : « Pour minimiser les coûts, l’institution devrait être placée sous la direction du Défenseur des droits, dont la mise en place est prévue pour début 2011 par la révision constitutionnelle de juillet 2008. Cette instance chargée de veiller au respect des droits et des libertés regroupera – en plus de la HALDE – le Médiateur de la République, le Défenseur des enfants et la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS). La crainte de voir les activités de la HALDE diluées parmi tant d’autres est réelle et des milliers de plaintes risquent bien de passer à la trappe. »